Lucques versus Pise

Posted: 5th février 2015 by admin in voyages

La semaine dernière, à l’occasion d’un séminaire en Italie, j’ai découvert une partie du pays que je ne connaissais pas. Si j’avais déjà visité la partie sud lors d’un voyage à Rome et d’un autre à Naples, et si j’avais déjà exploré la partie nord avec le lac de Côme et Milan, il me restait cependant un dernier grand site touristique du pays à découvrir: la célèbre tour de Pise. Ce séminaire n’avait pas lieu à Pise, mais à Lucques. Une ville voisine charmante qui est un peu l’exact inverse de la très populeuse Pise. Et si vous devez explorer cette région du monde un jour, je vous recommande fortement de séjourner à Lucques et non à Pise même !
Laissez-moi vous présenter les deux pour vous faire une idée.
Lucques, d’abord. Epargnée par le tourisme de masse et protégée par ses fortifications de la Renaissance bien préservées, Lucques est avant tout une ville paisible. Les rues ne débordent pas de touristes comme à Rome, à Venise… ou à Pise, évidemment. On peut ainsi y visiter en toute tranquillité les palais (qui abritent aujourd’hui des magasins d’antiquités ou de produits alimentaires), ou découvrir l’une de ses églises médiévales. San Michele in Foro par exemple, un édifice raffiné de 1143, ou la cathédrale encore plus ancienne: deux chefs-d’oeuvre aux sculptures romanes complexes qui valent le détour. Le plus de ces églises étant que leur entrée est gratuite (ceux qui ont déjà visité Rome me comprendront…).
Entre deux réunions tendues (c’est fou comme la crise économique a tendance à ajouter des tensions dans les entreprises), nous parcourions le plus souvent la promenade ombragée de chênes au-dessus des remparts pour avoir une vue sur les anciennes oliveraies qui s’étirent autour de la ville (la province de Lucques produit, paraît-il, la meilleure huile d’olive au monde, mais je n’y ai pas goûté). Le soir venu, nous savourions le plus souvent une glace dans l’atmosphère poétique de l’Antico Caffè di Simo, le café favori de Giacomo Puccini. Bref, n’eûssent été les réunions elles-mêmes, ce séminaire en Italie aurait été parfait.
Malheureusement, nous n’avons pu résister à l’envie de découvrir la célèbre tour penchée toute proche. Nous avons donc rejoint le flot de touristes voulant tous faire une photo d’eux donnant l’impression qu’ils retenaient la tour à bout de bras (ou, pour certains, que la tour penchée sortait de leur entrejambe… la grande classe, en somme).
En ce qui concerne la ville proprement dite, pas la peine de s’étendre: Pise est en elle-même une ville très ordinaire, qui ne mérite le détour que pour sa tour penchée. Et encore. Se rendre dans cette partie de l’Italie pour voir ce seul monument me semble largement exagéré.
Car la tour n’est pas aussi impressionnante qu’on peut le penser. L’inclinaison de la tour vient en fait de l’instabilité de ses fondations: elle penchait déjà avant d’être achevée et continua de s’incliner de quelques millimètres chaque année, jusqu’aux travaux entrepris dans les années 1990, qui permirent de la stabiliser avec un écartement de 4 mètres entre le sommet et la verticale.
Le fait que la ville soit connue pour cet unique monument a quelque chose d’assez ironique. Construite en 1174, cette tour était à l’origine destinée à être le simple campanile de la cathédrale ; or, les visiteurs s’agglutinent autour de celui-ci sans même jeter un oeil au bâtiment principal. La cathédrale mérite pourtant un coup d’oeil: son chantier, qui débuta en 1063 et qui fait face à un baptistère, offre un extérieur en filigrane spectaculaire et une acoustique incroyable.
Si ce séminaire en Italie a été en définitive une bonne surprise, je ne comprends décidément pas l’intérêt touristique de Pise, et ce encore moins après l’avoir découverte.

Comments are closed.