La confluence de la rivière Ruak et du Mékong forme une frontière naturelle entre la Thaïlande, le Laos et la Birmanie (Myanmar), que les habitants de la région ont appelée « Sop Ruak » (connue pour nous sous le nom de Triangle d’or), et où une petite ville s’est construite. Cette zone, où prospérait autrefois le royaume de Lanna, est parsemée de cités anciennes, témoins du passé et protectrices de temples majestueux. Les sommets dentelés et les rives des fleuves sont habités par de nombreuses tribus : Karen, Hmong, Yao, Lahu, Lisu, Akha… Autant de tribus dont on peut découvrir les villages traditionnels, et qui forment une excellente introduction à la culture locale. L’opium est cultivé dans la région depuis les années 1920, et le Triangle d’or est le deuxième plus gros fournisseur d’héroïne au monde après l’Afghanistan. Ce commerce illégal échappe cependant en grande partie aux yeux des visiteurs, qui sont attirés par les paysages magnifiques, les sites historiques, les traditions locales, les temples fastueux et le calme serein de la région. Chiang Rai, une agréable petite ville aux portes du Triangle d’or, constitue un excellent point de départ pour explorer ce territoire. Construite en 1262 par Mengrai le Grand, fondateur du royaume de Lanna, la cité est perchée sur de basses collines le long de la rivière Kok. C’est à cet endroit que fut découvert le Phra Kaeo (Bouddha d’émeraude), l’une des plus célèbres statues de Bouddha, en 1432. La légende raconte qu’un éclair frappa le stupa d’un temple, qui s’ouvrit en deux pour dévoiler un magnifique Bouddha de jade. Cette petite ville est l’occasion idéale pour se promener dans son marché nocturne, pour trouver soieries, souvenirs ou encore délicieux plats à emporter.
Direction ensuite vers le nord pour Mae Sai, à la frontière birmane. En faisant évidemment un détour à l’est pour rejoindre la montagne Doi Tung, que couronne le temple de Phra That Doi Tung, important lieu de pèlerinage bouddhiste. La route traverse de splendides jungles ponctuées de villages. Mae Sai, à cheval sur la frontière birmane, est quant à elle une ville touristique en pleine expansion où l’on peut acheter de l’artisanat traditionnel birman, tel que du jade sculpté ou des tissus colorés. De l’autre côté de la frontière, Tha Khi Lek est une ville commerçante à ne pas manquer. Mais c’est au sud-est que se trouve l’épicentre du Triangle d’or : Sop Ruak. Une petite cité a poussé sur ce point de confluence entre la Ruak et le Mékong, où s’alignent cafés et magasins de souvenirs. Des musées y relatent le développement du commerce de l’opium dans la région. Le temple de Phra That Phu Kao, édifié il y a mille deux cents ans, occupe une petite colline à l’extérieur de la ville et offre un point de vue depuis lequel l’on peut admirer la rencontre des trois pays. À Sop Ruak, l’on peut embarquer pour une courte croisière de 40 minutes sur le Mékong à destination de Chiang Saen, qui fut l’une des principales villes du royaume de Lanna. Bien que la cité ait été rasée en 1804 par le roi siamois (qui voulait mettre un frein à l’invasion birmane), des vestiges de monuments construits à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle ont été préservés. On peut, par exemple, y voir des portions des remparts en terre qui encerclaient la ville sur trois côtés, le quatrième étant protégé par la barrière naturelle que forme le Mékong. Le Musée national fournit de nombreux détails sur l’histoire — haute en couleur — de Chiang Saen. Les remparts abritent plusieurs temples ravissants, comme celui de Chedi Luang, qui date de 1489 et arbore le plus haut stupa de la ville. Impossible, une fois arrivé là, de ne pas visiter le temple de Pa Sak, perdu dans une immense forêt de tecks à la sortie de Chiang Saen. Construit en 1295, il est finement décoré et dominé par un spectaculaire stupa. L’on regagne ensuite Chiang Rai, où le voyage prend fin. Un voyage dont les souvenirs ne sont cependant pas près de s’effacer !